Le
dérasement des fortifs
Après la guerre, la "loi d'annexion" du 19 avril 1919 décide d'aménager des logements
dits "HBM" (Habitations à bon marché) sur les zones militaires qui ceinturent la capitale.
La Ville de Paris devient officiellement propriétaire des territoires militaires annexés.
Le dérasement des fortifications commence dès la fin de 1919 entre la Porte Montmartre et la Porte
de Clignancourt. Sur l'ensemble de l'ancienne zone militaire 25 % de la surface est destinée à des
HBM, à des services publics ou à des jardins. Le reste est laissé à la disposition
des communes limitrophes conformément à un arrêté du 13 février 1913.
Des constructions en briques roses sortent de terre tout autour de Paris le long des boulevards des Maréchaux,
mais au-delà du glacis, le "no man's land" est pratiquement laissé à ses occupants.
Toutefois, certains chiffonniers-brocanteurs se regroupent un peu plus loin sur le territoire de Saint-Ouen du
côté de la rue des Rosiers... Tandis que ceux qui refusent toujours de payer le droit de stationnement
imposé par la ville de Saint-Ouen, refluent vers les limites indécises de la capitale, entre la porte
de Clignancourt et la porte des Poissonniers, "la Cité Commerciale de l'occasion" regroupe brocanteurs
et marchands forains.
Ecoutons à nouveau le témoignage du Père Jouve : "Après la guerre de 1914, le
marché était tellement fréquenté que des gens d'affaires - ah ! ils sont malins ces
types là ! ils voient loin les bougres ! - achetèrent des hectares de terrain dans le quartier. Ils
y ont tracé des rues, amené partout l'électricité, puis élevé des stands
qu'ils louent très cher".
En attendant la naissance des premiers marchés aux puces organisés - Vernaison et Biron - la zone
des biffins reste très active dans l'ancienne plaine des Malassis.(extrait) |