Les
petits vieux de Bicêtre
Les puces de Bicêtre - aujourd'hui disparues - ont pris naissance après 1870. Elles tirent leur origine
de l'Hospice de Bicêtre d'où les petits vieux s'échappaient le dimanche pour se faire un peu
d'argent de poche en revendant quelques bricoles personnelles : vêtements, chaussures, assiettes en étain,
réchauds, et, disent les mauvaises langues, le linge de l'hôpital. Ils déballaient leurs pauvres
trésors sur les trottoirs de la route de Paris à Fontainebleau et le long du cimetière d'Ivry.
Les chiffonniers-brocanteurs en ont fait autant après la guerre de quatorze. Les puces de Bicêtre
"ouvraient" alors trois jours par semaine, le mardi, le jeudi et le dimanche. On y trouvait à
la fois des hardes, des pots de fleurs, des radis et des salades, mais surtout des objets domestiques en piteux
état : casseroles en cuivre, lampes à pétrole, plaques de cheminée, chenets, girouettes,
et beaucoup de petits objets pour la table en cristal et parfois en argent : salières, sucriers, huiliers.
On raconte qu'un brocanteur génial est arrivé à vendre à un Anglais deux burettes,
l'une d'huile (H), l'autre de vinaigre (V) en assurant avec conviction que cet objet inestimable avait appartenu
jadis à Victor Hugo, comme en témoignaient les initiales gravées dans le verre !
(extrait) |
