Toujours
puces !
En 1885 Jules Grévy préside une république à la fois laïque, syndicaliste et colonialiste.
En Indochine la défaite de Langson provoque la démission de Jules Ferry, remplacé par un ministère
Buisson. 1885 c'est aussi l'année de la mort de Victor Hugo dont les grandioses funérailles (ler
juin) rassemblent à l'Arc de Triomphe plusieurs millions de Parisiens. Dans la capitale, deux inovations
techniques sont à signaler les nouveaux avertisseurs d'incendie et les tubes pneumatiques pour accélérer
la distribution du courrier. 1885 c'est encore l'année de la mise en place des poubelles qui compliquent
et transforment le travail des chiffonniers. Chassés de la ville, les crocheteurs s'installent sur les fortifs
pour faire le tri, et revendent sur place tout ce qu'ils ont pu récupérer. Ainsi naissent les premiers
marchés aux Puces qui attirent bien vite des milliers de curieux.
En 1985 la Nouvelle-Calédonie est à l'ordre du jour et les querelles électorales divisent
l'opinion. Mais c'est aussi le centenaire de la mort de Victor-Hugo... et de la naissance des Puces, devenues en
un siècle le plus grand marché mondial de la brocante et des antiquités.
Quant aux chiffonniers, ils sont aujourd'hui une espèce en voie de disparition. Les récupérateurs
sont devenus brocanteurs. Les poubelles en fer ont disparu elles aussi et les "bacs plastics" montés
sur roulettes laissent peu de chances aux derniers crocheteurs de faire des trouvailles. Ce qui pourtant arrive
encore, avant le passage des bennes à ordures qui emportent les sous?produits ménagers vers les usines
de " Traitement industriel des résidus urbains".
Les chiffons n'intéressent plus les chineurs du clair de lune qui se contentent des vieux journaux et des
cartons avec l'espoir de découvrir sur les trottoirs un fauteuil défoncé, ou, sous les couvercles
en plastic, une potiche cassée, un tableau couvert de crasse, une casserole en cuivre noirci.
Les derniers chiffonniers dignes de ce nom, ce sont les compagnons d'Emmaüs, dont les communautés fondées
par le Père Henri Grouès, dit l'Abbé Pierre, récupèrent et revendent les vestiges
mis au rebus par notre société de consommation, inconsciente de ses richesses. Plus de soixante points
de vente en France, animés par 2.000 compagnons, redistribuent aux brocanteurs ou aux particuliers les innombrables
déchets d'un gigantesque gaspillage.(extrait) |