Honneur
professionnel
D'anciens règlements souvent renouvelés mais jamais respectés prétendaient obliger
les chiffonniers à travailler au grand jour car on les suspectait d'être complices des voleurs et
de participer à quelques effractions nocturnes. Mais les chiftires ont leur honneur professionnel : ils
se considèrent, à juste titre, comme d'honnêtes travailleurs et ne veulent qu'on les confonde,
ni avec les clochards, ni avec les truands. S'ils n'étaient que des coupeurs de bourses, pourquoi feraientils
ce dur métier ? Ils obtiennent finalement sous le Second Empire le droit d'exercer "la chiffonnade"
de minuit à cinq heures du matin, mais ni avant, ni après. Ces horaires les obligent à chercher
refuge dans des vieilles maisons abandonnées, ou dans des cabarets qui restent ouverts pour eux et où
ils boivent du "tord-boyaux", du "casse-poitrine" et du "chuick". Parmi ces gîtes
misérables, les plus célèbres sont ceux de la place Maubert, de la rue de la Grande Truanderie
près des Halles, et de la rue Mouffetard. Chassés du Faubourg Saint-Marceau par les démolitions,
les chiffonniers trouvent un nouvel asile rue Sainte-Marguerite dans le Faubourg Saint-Antoine.
Vers 1850 ils se regroupent du côté du Jardin des Plantes et ils s'installent avec leurs familles
sur les berges de la Seine, à la Barrière des Deux Moulins. ..(extrait) |